Le cancer du pancréas est actuellement le cancer le plus meurtrier de notre époque, associé à une survie moyenne de 8 mois malgré les avancées médicales actuelles dans le domaine de la détection du cancer et de son traitement.
L'adénocarcinome pancréatique de type ductal (ADCPD), le sous-type le plus fréquent du cancer pancréatique, est caractérisé par des altérations moléculaires spécifiques, dont l'inactivation d'un gène appelé SMAD4, qui serait un facteur de mauvais pronostic. SMAD4 jouerait un rôle dans la transition épithélio-mésenchymateuse (TEM), un processus par lequel les cellules cancéreuses changent de morphologie et de fonction en passant par des états intermédiaires, appelé TEM partielle, et chacun de ces états présentent leurs propres caractéristiques. Sur base de la littérature, nous émettons l'hypothèse que l'inactivation de SMAD4 bloque les cellules cancéreuses dans un état de TEM partielle où elles sont plus agressives.
Je vais donc étudier la relation entre l'inactivation de SMAD4 et les états de TEM partielles dans l'ADCPD et analyser son impact clinique. En étudiant l'impact de l'inactivation de SMAD4 dans la TEM du cancer pancréatique, nous espérons améliorer la compréhension des mécanismes moléculaires à l'origine du haut potentiel métastatique de ce cancer
Objectifs et résultats attendus pour les patients
Le pronostic du cancer pancréatique reste mauvais malgré les avancées médicales réalisée dans la détection et le traitement. En effet, la survie à 5 ans du cancer du pancréas est seulement de 9% tout stade confondu, le plus bas parmi tous les cancers. Il est donc indispensable d'améliorer la compréhension de la carcinogenèse du cancer pancréatique afin d'optimaliser la prise en charge de ces patients. L'ADCPD est caractérisé par des anomalies moléculaires dont l'inactivation du gène SMAD4 dans 50-55% des cas. Dans un contexte néoplasique, SMAD4 induit la transcription de gènes impliqués dans la transition épithélio-mésenchymateuse (TEM), un processus cellulaire où les cellules passent d'un état épithélial vers un état mésenchymal. Les études ont démontré que lorsque les cellules néoplasiques sont dans un état de TEM partielle, c'est-à-dire dans un état cellulaire intermédiaire entre l'état épithélial et mésenchymal, elles présentent un comportement plus agressif. Notre hypothèse est que l'inactivation de SMAD4 induit un état de TEM partielle caractérisé par un potentiel métastatique augmenté. En étudiant l'impact de l'inactivation de SMAD4 dans la TEM de l'ADCPD, nous espérons améliorer notre compréhension des mécanismes moléculaires expliquant le haut potentiel métastatique et l'échec thérapeutique dans le cancer du pancréas. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait, à terme, mener au développement de thérapies ciblées. De plus, l'inactivation de SMAD4 peut être détectée par immunohistochimie, une technique qui est utilisée en routine pour le diagnostic anatomopathologique.
En fonction de nos résultats, nous pourrions facilement analyser l'expression de SMAD4 des tumeurs pancréatiques en routine hospitalière fournissant ainsi une donnée pronostique permettant d'orienter la prise en charge des patients.
Collaborations externes
MD, PhD Cédric Blanpain Laboratory of Stem Cells and Cancer - ULB