Chaque année, environ 500 personnes en Belgique et 3 000 en France apprennent qu’elles sont atteintes d’un glioblastome, la tumeur cérébrale la plus fréquente chez l’adulte. Ce diagnostic fait l’effet d’un choc, car le glioblastome est un cancer particulièrement agressif, difficile à traiter, et dont l’espérance de vie médiane reste aujourd’hui limitée, autour de 15 mois.
Un traitement standard qui atteint ses limites
Le traitement conventionnel du glioblastome repose sur une chirurgie visant à retirer le maximum de tissu tumoral, suivie — après une pause de 4 à 6 semaines — d’une radiothérapie couplée à une chimiothérapie par témozolomide (TMZ). Ce médicament est administré pendant la radiothérapie, puis en traitement dit “adjuvant” pendant six mois.
Ce protocole, mis en place depuis près de deux décennies, représente le standard international. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans 90 % des cas, la tumeur réapparaît. Et malgré les efforts thérapeutiques, la survie sans progression dépasse rarement 7 mois.
Une idée simple : commencer plus tôt
Face à ce constat, plusieurs équipes de chercheurs et de médecins ont lancé une hypothèse : et si on administrait le traitement plus tôt ? Autrement dit, avant même que ne commence la radiothérapie, au lieu d’attendre plusieurs semaines après l’opération.
Cette stratégie, testée dans plusieurs centres à travers le monde, a montré des résultats encourageants. Une étude récente menée en Chine sur 375 patients a mis en évidence une amélioration significative de la survie chez ceux qui avaient reçu du témozolomide dans les 7 jours après la chirurgie, par rapport à ceux ayant suivi le schéma classique.
Une piste explorée en France et en Belgique
Dans notre propre étude, menée sur une petite cohorte de patients à pronostic défavorable, l’administration précoce du TMZ (dès deux semaines après l’opération, avant la radiothérapie) a été bien tolérée. Elle a permis d’obtenir une survie comparable — voire supérieure — à celle habituellement observée.
Ces résultats, conjugués à d’autres publications internationales, ont conduit le groupe ANOCEF (Association des Neuro-Oncologues d’Expression Francophone) à lancer un essai clinique randomisé pour évaluer rigoureusement cette approche.
Un essai clinique en cours : vers un changement de paradigme ?
Dans cette étude, deux groupes de patients seront comparés :
Un groupe dit “intensifié”, qui recevra un cycle de TMZ entre 2 et 14 jours après la chirurgie, avant le traitement combiné.
Un groupe “standard”, qui suivra le protocole classique, avec un début de traitement 4 à 6 semaines après l’opération.
L’objectif ? Mesurer si cette avance dans le calendrier thérapeutique permet une réelle amélioration de la survie globale, tout en maintenant une bonne tolérance du traitement.
Ce qu’il faut retenir
Le glioblastome reste à ce jour un cancer très difficile à traiter. Mais la recherche avance, et chaque mois gagné, chaque option mieux tolérée, représente un progrès majeur pour les patients et leurs familles. L’approche d’un traitement plus précoce du glioblastome par chimiothérapie pourrait bien, si les résultats sont confirmés, changer les standards thérapeutiques dans les prochaines années.