Publié le 30.06.2025

Inflammation du dos : reconnaître la spondylarthrite pour mieux la soulager

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La spondylarthrite est une maladie inflammatoire chronique qui touche principalement le bas du dos, les articulations du bassin, et parfois d’autres zones du corps comme les talons, les genoux, ou même l’œil et l’intestin. Ce rhumatisme, longtemps mal connu, débute souvent tôt dans la vie adulte, avec des douleurs persistantes et une raideur matinale qui résistent au repos mais s’améliorent avec le mouvement. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas une usure mécanique des articulations, mais une réaction inflammatoire liée à un dérèglement du système immunitaire.

Des facteurs génétiques interviennent : environ 9 patients sur 10 atteints de spondylarthrite ankylosante portent un gène particulier, le HLA-B27. Pourtant, ce gène à lui seul ne suffit pas à déclencher la maladie. Il semble plutôt agir comme un terrain favorable sur lequel d’autres éléments – environnementaux, microbiens ou immunologiques – vont interagir. Ces dernières années, les recherches ont profondément renouvelé notre compréhension des mécanismes en cause, notamment en révélant l’implication d’une branche longtemps négligée de l’immunité : l’immunité innée.

Contrairement à l’immunité adaptative, qui fabrique des anticorps ciblés après un contact avec un agent pathogène, l’immunité innée repose sur des cellules capables de réagir très rapidement à des signaux de danger. Parmi elles, on trouve les cellules lymphoïdes dites « innées » ou « innées-like », qui produisent des molécules pro-inflammatoires puissantes comme l’interleukine-17 (IL-17) ou l’IL-23. Ces messagers chimiques, essentiels pour la défense contre certains microbes, peuvent devenir délétères lorsqu’ils sont produits en excès ou en continu. Chez les patients atteints de spondylarthrite, ces cellules sont retrouvées en trop grand nombre ou anormalement activées au niveau des articulations, alimentant une inflammation chronique.

Un autre acteur attire l’attention : l’intestin. Il existe un lien bien établi entre la spondylarthrite et les maladies inflammatoires chroniques intestinales comme la maladie de Crohn. Même en l’absence de symptômes digestifs, une inflammation discrète de la muqueuse intestinale est souvent retrouvée. Le déséquilibre du microbiote intestinal – cette flore composée de milliards de bactéries – pourrait jouer un rôle déclencheur en stimulant à distance les cellules immunitaires innées, notamment chez les personnes génétiquement prédisposées. Cette hypothèse ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques.

Sur le plan des traitements, les avancées ont été spectaculaires. Outre les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des biothérapies ciblant les messagers de l’inflammation ont considérablement amélioré la qualité de vie des patients. Les premiers médicaments de ce type ont été les anti-TNFα. D’autres, plus récents, visent directement l’IL-17, molécule clé dans l’inflammation articulaire. De nouvelles stratégies, encore en cours d’étude, cherchent à bloquer les voies d’activation des cellules immunitaires innées, voire à moduler le microbiote intestinal lui-même.

Bien que la spondylarthrite reste une maladie chronique, un diagnostic précoce, une prise en charge adaptée et une activité physique régulière permettent souvent de conserver une bonne mobilité et d’éviter les complications. En moyenne, pourtant, il faut encore plusieurs années entre l’apparition des premiers symptômes et la pose du diagnostic. Mieux faire connaître cette pathologie, tant auprès du grand public que des soignants, est donc un enjeu majeur. Car plus on comprend les mécanismes invisibles qui entretiennent l’inflammation, mieux on peut en limiter les effets.