Publié le 03.06.2025

Glioblastome : comprendre cette tumeur cérébrale redoutable

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Le glioblastome, ou glioblastome multiforme (GBM), est la tumeur cérébrale la plus fréquente et la plus agressive chez l’adulte. Classé grade IV par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il se caractérise par une croissance extrêmement rapide et une capacité à infiltrer les tissus cérébraux sains, rendant son traitement particulièrement complexe. Chaque année, plusieurs centaines de nouveaux cas sont diagnostiqués en Belgique. Les chiffres exacts relatifs au glioblastome ne sont pas isolés dans les rapports de Sciensano, mais selon les données globales du Registre du cancer belge, environ 1 000 tumeurs cérébrales malignes sont diagnostiquées chaque année, dont une grande proportion sont des glioblastomes. L’incidence, bien que faible comparée à d’autres cancers, est en hausse constante en Europe, et le Plan européen de lutte contre le cancer prévoit une augmentation de 20 % des cas d’ici 2040 si rien n’est fait.

Le glioblastome touche majoritairement les personnes de plus de 50 ans, avec un léger avantage masculin. Ses symptômes varient en fonction de la localisation de la tumeur dans le cerveau, mais incluent fréquemment des maux de tête persistants, des troubles de la mémoire ou du langage, des changements de comportement, des convulsions, une faiblesse musculaire ou des troubles de la vision. Face à de tels signes, une imagerie cérébrale (IRM ou scanner) est rapidement prescrite. Le diagnostic est ensuite confirmé par une biopsie chirurgicale, qui permet d'analyser les cellules tumorales.

Le traitement standard repose sur ce qu’on appelle le protocole de Stupp, du nom du neuro-oncologue suisse qui l’a mis au point. Il combine une chirurgie de réduction tumorale (lorsque possible), suivie d’une radiothérapie et d’une chimiothérapie simultanée avec le témozolomide, un agent oral capable de franchir la barrière hémato-encéphalique. Ce traitement est ensuite poursuivi par six cycles supplémentaires de chimiothérapie adjuvante. Malgré cette prise en charge lourde, la survie médiane dépasse rarement 15 à 18 mois, et moins de 5 % des patients survivent au-delà de cinq ans. Ce pronostic sévère s’explique par la résistance naturelle des cellules tumorales et leur capacité à se multiplier malgré les traitements.

Face à cette réalité, la recherche s’intensifie. Des essais cliniques sont en cours pour tester des stratégies innovantes : immunothérapie, vaccins personnalisés, thérapies géniques, radiothérapie ciblée par isotope radioactif (comme le Rhenium-186) ou encore protocoles d’intensification précoce du traitement par témozolomide. L’essai STRATEGLIO, mené en France et en Belgique, explore justement cette piste : donner une dose plus forte, plus tôt, pour tenter de "prendre de vitesse" la tumeur dès les premières semaines.

Outre les avancées médicales, les associations de patients et les centres spécialisés jouent un rôle clé dans l’accompagnement des malades et de leurs proches. En Belgique, Sciensano, via son Centre du Cancer, coordonne une veille épidémiologique essentielle pour adapter les politiques de santé publique. Les familles peuvent également se tourner vers des fondations internationales, comme la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales ou l’Association ARTC, pour obtenir du soutien, des ressources pédagogiques et des témoignages.

Aujourd’hui, malgré la rudesse du combat, les progrès sont réels. La recherche avance, des patients vivent plus longtemps et mieux qu’auparavant, et chaque étude, chaque essai, chaque prise en charge humanisée contribue à changer un peu la donne. Le glioblastome n’est pas un verdict figé : c’est un défi scientifique, médical et humain, que de nombreuses équipes relèvent chaque jour avec courage et ténacité.